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Magali Crespin-Alliane

La « transparence psychique », ou l'inquiétude ordinaire de la future mère

Dernière mise à jour : 6 nov. 2024



Il arrive souvent que des femmes me contactent car depuis le 1er mois, le 2e mois ou le 3e mois de leur grossesse, elles ressentent des peurs ou des inquiétudes, une sorte de malaise.

Et la plupart du temps, elles se disent que quelque chose cloche chez elles, elles pensent que ce n'est pas normal (levons le doute immédiatement, voulez-vous ? si, c'est normal!)

Pour beaucoup, la grossesse a été désirée, peut-être même attendue durant de longs mois, pour d'autres c'est allé très vite, parfois même est-ce inopiné. Médicalement, il n'y a rien à signaler, tout va bien.

Elles perçoivent, parfois avec culpabilité, l'incompréhension de leur entourage face à ce mal-être, car tout le monde le dit : elles devraient nager dans le bonheur!

Alors quoi ? Pourquoi ces craintes, par exemple, de ne pas être une « bonne mère », de ne pas aimer son enfant (ou d'aimer le deuxième plus que le premier, ou moins que le troisième, ou l'inverse…), pourquoi cette émotivité, cette peur de la folie, de la mort, de perdre son couple, de ne pas assurer, de mal faire ou de faire mal, de reproduire des schémas nocifs ?

Parce que transmettre, porter et donner la vie, ce n'est pas anodin. Et quand il s'agit du premier enfant, cela signifie renoncer à n'être que la fille de ses parents pour devenir mère à son tour. C'est changer –et faire changer les membres de sa famille– de génération. Et il est normal que les futures mères (tout comme les futurs pères), de manière plus ou moins inconsciente, en ressentent les bouleversements.

Parce que la grossesse est « le moment d'un état psychique particulier […] où des fragments de l'inconscient viennent à la conscience » (*). C'est ce que la psychanalyste Monique Bydlowski a appelé la « transparence psychique ».

Parfois, l'état de grossesse peut réveiller des angoisses anciennes, faire ressurgir des vécus ou des ressentis de soi-même enfant, raviver des blessures, ranimer des carences, réveiller un passé conflictuel non résolu. Les ressentis émotionnels peuvent être exacerbés. Ces bouleversements, qui sont aussi porteurs d'une énergie d'évolution, aident à forger sa nouvelle identité de mère.

Je crois profondément qu'en parler, que se faire accompagner lorsque ces bouleversements apparaissent, c'est se donner la chance, non seulement, de mener une grossesse plus sereine, mais surtout de reprendre la main sur sa propre histoire, pendant la grossesse et surtout après. Cela passe souvent par prendre soin de l'enfant que l'on a été pour mieux accueillir l'enfant que l'on porte.

Prendre en compte ces « warnings » qu'une partie de soi allume avant la naissance d'un enfant, c'est se donner la possibilité d'accueillir cet enfant dans la sérénité, sans lui transmettre ses « casseroles ». Écrire un nouveau chapitre de son histoire de famille sur un cahier tout neuf, sans se laisser hanter par des épisodes irrésolus.

Prenez soin de vous!

(*) Monique Bydlowski, La dette de vie, itinéraire psychanalytique de la maternité, PUF (6e édition mise à jour, 2008)

Crédit photo : David Marcu

Mise à jour le 6/11/24

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